Jubileo de santo Tomás de Aquino 2023-2025.....INDEX
SAINT THOMAS DAQUIN
BIOGRAPHIE https://thomas-aquinas-jubileum.org/saint-thomas-daquin/
Saint Thomas naît en Italie à Roccaseca dans la région de Naples en 1225 ou 1226, il entre en 1244 chez les dominicains, fondé dix ans auparavant à Toulouse en 1215 par saint Dominique. Il étudie à Paris de 1245/1246 à 1248, puis il est assistant de saint Albert le Grand à Cologne de 1248 à 1252. Il revient à Paris de 1252 à 1256 pour y enseigner comme bachelier sententiaire. Il commente les Sentences de Pierre Lombard, qui est un ouvrage de référence jusquau XVIe siècle pour létude de la théologie en quatre livres. Il rédige ensuite son Commentaire des Sentences, sa première uvre denvergure, avant le Contra Gentiles et la Summa theologiae. De même commente-t-il plusieurs livres de la Bible, comme il le fera tout au long de sa carrière. À Paris encore, il devient régent des études, cest-à-dire responsable des études dune province et pour les dominicains de cette province. Il est alors « Maître-Régent » de 1256 à 1259. Ensuite, il est désigné par le chapitre général de Valenciennes de 1259 pour enseigner en Italie à Naples de 1259 à 1261. Il est nommé lecteur conventuel, cest-à-dire chargé de lanimation intellectuelle, philosophique et théologique du couvent dOrvieto de 1261 à 1265. Il y achève le Contra Gentiles commencé en 1257. Il est nommé « Maître-Régent » à Rome entre 1265 et 1268. Cest là quil entreprend la rédaction de la première partie de la Summa theologiae, la prima pars, qui traite de Dieu et de son oeuvre de création. Ensuite, il retourne à Paris pour la troisième fois, de 1268 à 1272. Il y écrit la deuxième partie de la Summa, ce quon appelle la secunda pars, qui concerne la vie morale humaine. Au printemps 1272, il quitte Paris et revient à Naples, où il y est nommé « Maître-Régent » jusquen février 1274. Il est alors convoqué pour participer au second concile de Lyon, concile dunion avec les grecs séparés de Rome depuis 1054. Cest à Naples quil écrit la troisième partie de la Summa, ce quon désigne par la tertia pars, qui traite du Christ rédempteur, des sacrements et des fins dernières. Il ne peut aller jusquau bout de son entreprise, il sarrête alors quil aborde le sacrement de pénitence, après quoi il naura plus les moyens et le temps de lachever. Affaibli, épuisé, il meurt le 7 mars à Fonsanova au sud de Rome, sur la route qui devait le conduire au concile de Lyon. Saint Thomas est canonisé le 18 juillet 1323. Il est proclamé Docteur de lÉglise par le pape saint Pie V, le 15 avril 1567, et Docteur commun de lÉglise en 1923 par le pape Pie XI.
On lui doit près de 80 ouvrages: opuscules, lettres, expertises, traités, sommes ou synthèses, ouvrages polémiques, questions disputées et quodlibétiques, commentaires bibliques, commentaires philosophiques doeuvres dAristote, sermons et prières, office liturgique, dont seulement un peu plus de la moitié sont actuellement traduits en français.
CHRONOLOGIE
1215 est lannée de fondation à Toulouse de lOrdre des Prêcheurs par saint Dominique (vers 1174-1221).
Entre 1225 et 1226, saint Thomas naît au chateau de Rocasseca, près de Naples, dans la famille dAquino.
De 1230 à 1239, il est placé comme oblat par ses parents à labbaye bénédictine du Mont-Cassin.
De 1239 à 1244, il entreprend des études universitaires à Naples, au studium generale de la ville.
En 1244, saint Thomas reçoit lhabit de lOrdre au couvent des dominicains de Naples.
De 1244 à 1245, la famille de Thomas, qui soppose à sa vocation, le retient en détention au château de famille de Roccaseca. Il peut retourner libre au couvent de Naples à lautomne 1245.
Entre 1246 et 1248, il étudie à Paris à luniversité, où il suit surtout lenseignement de saint Albert le Grand.
De 1248 à 1252, tout en continuant ses études, il est assistant dAlbert à luniversité de Cologne.
De 1252 à 1256, il enseigne à Paris comme bachelier sententiaire. Il commente les livres dIsaie (Super Isaiam) et de Jérémie (Super Jeremiam). Entre 1252 et 1256, il rédige son Commentaire des Sentences de Pierre Lombard (Scriptum super libros Sententiarum) ; De lêtre et de lessence (De ente et essentia) ; et Les principes de la nature (De principiis naturae).
Entre 1256 et 1259, il est admis pour la licentia docendi en février 1256, ce qui lui donne la faculté denseigner comme Maître en théologie. Il devient « Maître-Régent » à Paris, où il rédige la question disputée De la vérité (De veritate) entre 1256 et 1259 ; les Quodlibets VII-XI ; le Contre les ennemis du culte de Dieu et de létat religieux (Contra impugnantes Dei cultuel et religionem) en 1256 ; et le commentaire du De Trinitate de Boèce (Super boetium De Trinitate), entre 1257 et 1258.
Entre 1259 et 1261, saint Thomas qui revient en Italie, peut-être à Naples, à la fin de lété 1259, écrit la Somme contre les gentils (Contra Gentiles), au moins le début du livre I, dont la première rédaction se situe autour 1258, peut-être début 1259. À la suite du chapitre général de Valenciennes (juin 1259), au couvent dOrvieto où il est nommé lecteur, il achève le livre I du Contra Gentiles.
De 1261 à 1265, il achève le Contra Gentiles, livres I-IV (1261-1265) ; il écrit à la suite, et parfois en même temps, lAbrégé de théologie (Compendium theologiae), entre 1261 et 1265, un Contre les erreurs des grecs (Contra errores graecorum), entre 1263 et 1264. Il entreprend le commentaire des lettres de saint Paul (1263) quil achèvera en 1272 (Lectura in epistolas Pauli), le commentaire du livre de Job (Expositio super Job) entre 1263 et 1265. Il est lauteur en 1264, sur demande pontificale, de lOffice du Saint-Sacrement (Officium de festo Corporis Christi). Enfin, on lui doit Des raisons de la foi (De rationibus fidei) dans lannée 1265. On compte aussi la Catena aurea, qui constitue la mise en forme dune glose continue sur les évangiles, à partir des commentaires patristiques, que lon appelle Glossa continua super Evangelia, entre 1263 et 1268.
De 1265 à 1268, il va à Rome où il est élu « Maître-Régent ». Ce seront quatre années intenses, avec la suite de la rédaction de la Catena ; la question disputée De la puissance (De potentia) de 1265 à 1266 ; le commentaire des Noms divins de Denys (Super librum Dionysii De divinis nominibus) entre 1266 et 1268 ; la question disputée De lâme (De anima) entre 1266 et 1267 ; et son commentaire du traité De lâme dAristote (Sentencia libri De anima), qui lui fait suite, entre 1267 et 1268 ; en même temps que la question disputée Les créatures spirituelles (De spiritualibus creaturis). De 1265 à 1268, il rédige la première partie de la Somme de théologie (Summa theologiae).
De 1268 à 1272, il effectue une deuxième régence parisienne au cours de laquelle il écrit plus de 25 ouvrages : Quodlibets I-VI et XII ; un commentaire du livre Des sens dAristote (Sentencia libri De sensu) entre 1268 et 1269 ; La forme dabsolution (De forma absolutionis) de 1269 ; La perfection de la vie spirituelle (De perfectione spiritualis vitae), entre 1269 et 1270. Les années 1270-1272 à Paris, puis les années 1272-1274 à Naples, seront les plus abondantes et les plus fécondes de sa carrière. plusieurs oeuvres étant écrites dans la même période :
Le commentaire des Physiques (Expositio libri Physicorum), entre 1268 à 1270 ; Lunité de lintellect (De unitate intellectus) à la fin de 1270 ; Contre lenseignement de ceux qui détournent de létat religieux (Contra doctrinam retrahentium a religione), entre 1270 et 1271 ; le Commentaire de lévangile de saint Jean (Lectura in Johannis evangelium), entre 1270 et 1271 ; la question disputée Du mal (De malo) entre 1270 et 1271 ; le commentaire du traité de lInterprétation dAristote (De interpretatione ou Peryermenias), entre 1270 et 1271 ; Léternité du monde (De aeternitate mundi) en 1271 ; la première partie (prima secundae) de la deuxième partie (Secunda pars) de la Somme de théologie en 1271 ; lachévement du commentaire des épîtres de saint Paul, dabord à Paris, entre 1271 et 1272 puis en 1272 et 1273 à Naples, lépître aux Hébreux comprise ; le commentaire de lÉthique à Nicomaque dAristote (Sententia libri Ethicorum) entre 1271-1272 ; le commentaire des Politiques dAristote, probablement dans lannée 1272 ; le traité sur les vertus (De virtutibus), entre 1271-1272 ; la deuxième partie (secunda secundae) de la deuxième partie (Secunda pars) de la Somme de théologie entre 1271 et 1272 ; lexposition sur les Seconds analytiques dAristote (Expositio libri Posteriorum) en 1271, quil achève à Naples dans lannée 1272 ; la question disputée sur Lunion du Verbe incarnée (De unione Verbi incarnati) en 1272.
De 1272 à 1274, saint Thomas est à Naples comme Maître-Régent, il y écrit :
Entre 1272 et 1273, la troisième partie (Tertia pars) de la Somme de théologie, questions 1 à 90 ; le commentaire des Métaphysiques dAristote (Expositio libri Metaphysicae), quil avait commencé à Paris en 1271, et quil achève à Naples en 1272 et 1273; le commentaire sur La génération et la corruption dAristote (Sententia super libros De generatione et corruptione) entre 1272 et 1273 ; le commentaire du livre néoplatonicien Livre des causes (Expositio libri De causis) en 1272, écrit entre Paris et Naples ; le commentaire inachevé Du ciel et du monde dAristote (De caelo et mundo) entre 1272 et 1273 ; le commentaire inachevé des psaumes (Lectura in Psalmos) de 1273 ; les brefs commentaires des dix commandements, du Credo et de lAve Maria (Collationes) de 1273.
En février 1274, il part épuisé de Naples pour le concile de Lyon II. Il meurt sur la route à labbaye cistercienne de Fonsanova, ayant dicté lAdoro te, et auparavant, à Aquino, la Lettre à Bernard Ayglier, abbé du Mont-Cassin (Epistola ad Bernardum abbatum casinensem), qui sont ces deux ultimes écrits.
CANONISATION
Saint Thomas meurt en 1274, sa réputation, qui est déjà grande, grandit encore, une réputation de sainteté et de génie, ce que le pape Jean XXII (1316-1334) sanctionnera par une canonisation à Avignon en 1323. Cet admirateur et lecteur de Thomas, approuve la démarche de la province de Sicile en 1317 de promouvoir sa canonisation. Son biographe, Guillaume de Tocco, prieur du couvent de Bénévent, avait déjà entrepris plusieurs démarches pour collationner des informations sur la vie et les miracles du saint quil présentera au pape en 1318. Il arrive à Avignon en août, porteur dune requête des grands du royaume de Sicile, dun dossier de miracles et dune biographie, son Ystoria sancti Thomae de Aquino. La cause est introduite en septembre 1318 et Tocco dirigea lenquête à Naples, province dont dépendait saint Thomas à sa mort. En 1321 eut lieu, sur ordre du pape, une deuxième enquête avec trois nouveaux délégués, selon une nouvelle procédure, dont Jean de Naples, un fidèle de saint Thomas, était le rapporteur. Le culte, qui apparaît dès la mort du saint, relayé dans tout lOrdre par la suite, est soutenu par des cardinaux, membres du consistoire avignonnais de 1318, à qui le pape avait dit: «À lui seul il a plus éclairé lÉglise que tous les autres docteurs; et dans ses livres lhomme profite plus en un an, que durant tout le temps de sa vie dans la doctrine des autres» (1er mars 1318).
Thomas dAquin fût proclamé saint le 18 juillet 1323. La bulle de canonisation Redemptionem misit fait état de 300 miracles, ce qui constitue largument majeur dune canonisation ; peu de choses, en revanche, sur la qualité de la doctrine du maître en sacra pagina, autrement dit sur la doctrine de lAquinate et son uvre. Le pape souligne cependant, et cest inhabituel, dans la considération des motifs de sainteté, la place de létude et de la prière dans la vie dun disciple du Christ qui est un apôtre, un prêcheur et un docteur. Saint Thomas, modèle de fidélité au magistère romain, est exalté par le pontife dans plusieurs sermons, pour sa vie pauvre et son assiduité à létude de la Bible, la recherche de la vérité et lintelligence de la foi. Le retentissement de cette canonisation fut considérable. Ceux qui nourrissaient encore quelques préventions durent sincliner. En 1325, on annula la condamnation de 1277, année où lévêque de Paris avait fait condamner en bloc toute une série de propositions, dont on disait quelles atteignaient le maître dAquin. Étienne Bourret, successeur dEtienne Tempier, lauteur de la condamnation de 1277, reconnaissait que lacte de canonisation avait pour effet, non seulement de proposer à la piété des fidèles un modèle de sainteté, mais, et cest ici décisif, de promouvoir une doctrine pure de la foi catholique. Celui qui était déjà désigné par beaucoup comme le Doctor eximius, ou excelletenssimus, est alors reconnu dès 1316 pour les dominicains comme le Doctor communis. Si lAquinate est un saint, sa doctrine aussi est sainte, cest-à-dire juste et vraie.
RELIQUES DE SAINT THOMAS DAQUIN
Mort à Fonsanova, sur la route qui devait le conduire au concile de Lyon hors dun couvent dominicain, chez des cisterciens qui voulaient garder son corps, les frères prêcheurs entreprirent, non sans difficultés, de se faire restituer le corps du saint. Les moines et dautres ecclésiastiques italiens cherchèrent à tout prix à empêcher cette revendication à exécution. Saint Thomas était revendiqué par tout le monde. Après des péripéties et des disputes surréalistes, les dominicains finirent par obtenir gain de cause. Ayant demandé que leurs soient restitués les restes du saint docteur, le pape Urbain V, par une bulle du 16 juin 1368, accéda à leur demande et décida leur transfert dItalie au couvent des Jacobins de Toulouse dans le sud méridional et français. La piété présumée des toulousains, laura de son université et la célébrité de ses maîtres dominicains, la beauté de léglise justifièrent cette décision, alors que le maître dAquin ny enseigna et ny séjourna jamais. Après un long périple, les reliques parvinrent à la chapelle Notre-Dame du Férétra le 28 janvier 1369. On dit que 150 000 fidèles de Toulouse et de toute la région reçurent le cortège accompagnant les saintes reliques, puis se remirent en procession, échevins en tête jusquà léglise dominicaine des Jacobins. Là on plaça dans un coffre les reliques, puis peu de temps après on les mit dans un reliquaire placé dans un tabernacle de pierre, à côté de lautel. On fit au reliquaire, rehaussé et décoré, un mausolée de pierre qui fut détruit à la révolution. A partir de 1791 les reliques de Saint Thomas dAquin furent protégées et transférées dans la basilique de Saint-Sernin, toute proche. plusieurs châsses leur furent données au XIX siècle. La période des persécutions antireligieuses à la fin du XIXe siècle jusquaux inventaires de 1905 neurent pas dincidences graves pour les reliques, mais depuis la période révolutionnaire les reliques du saint dominicain nétaient plus sous la responsabilité des frères pêcheurs, ni même plus tard lorsque Lacordaire restaura lOrdre. Le diocèse de Toulouse sen fit le protecteur. Ce nest quen 1974, par un accord entre les Jacobins, dépendant de la ville, larchevêché de Toulouse et les dominicains du couvent de Rangueil, quelles revinrent au couvent des Jacobins, lorsque les travaux de restauration de lÉglise conventuelle furent suffisamment avancés pour que ce retour fut possible. Depuis, sous ce qui est aujourdhui le maître autel, dans un coffre doré qui contient les reliques et malheureusement les cache, le chef de saint Thomas et une partie de son corps y sont conservés et offerts à la vénération des fidèles.